- abat-vent
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⇒ABAT-VENT, subst. masc. (inv.).Dispositif destiné à protéger des intempéries les fenêtres, cheminées, plantations horticoles. Plus particulièrement [En parlant des ouvertures des clochers] Espèces d'auvents, servant aussi à rabattre le son des cloches :• 1. Abat-vent. Grand paillasson pour rompre les vents qui nuisent aux plantes.GATTEL 1797.• 2. Abat-vent. Charpente couverte d'ardoises, etc. qui garantit du vent les ouvertures d'une maison, etc.GATTEL 1797.• 3. Quelquefois, le soir, elle (Esmeralda) entendait une voix cachée sous les abat-vent du clocher chanter comme pour l'endormir une chanson triste et bizarre. C'étaient des vers sans rime, comme un sourd en peut faire.V. HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 433.• 4. Abat-vent. (Arch.) S'emploie parfois comme synonyme d'abat-son et aussi pour désigner les mitres en terre ou les cylindres de tôle placés au sommet des cheminées et destinés à détourner les courants d'air qui pourraient entraver la régularité du tirage.J. ADELINE, Lexique des termes d'art, 1884.— P. anal. :• 5. Enfin, tout au fond, près de la porte, se tenait debout dans l'obscurité, immobile comme une statue, un vigoureux homme à membres trapus, à harnois militaire, à casaque armoriée, dont la face carrée, percée d'yeux à fleur de tête, fendue d'une immense bouche, dérobant ses oreilles sous deux larges abat-vent de cheveux plats, sans front, tenait à la fois du chien et du tigre.V. HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 487.Rem. 1. Dans l'emploi en hortic., abat-vent a pour synon. plus usuel abrivent. 2. Pour un autre sens techn., vieilli, cf. hist., rem. Arts et Métiers.Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[
]. 2. Forme graph. :mot inv. (ROB., Lar. encyclop., Pt ROB.). Cf. abattre. 3. Hist. — Le mot apparaît sous sa forme graph. actuelle ds FUR. 1690, FUR. 1701 et Trév. 1704 donnent la forme abavent en un seul mot. La forme mod. l'emporte définitivement à partir du Trév. 1752. Ac. ne réserve une entrée au mot qu'à partir de son éd. de 1762.
ÉTYMOL. — 1344, « sorte d'auvent destiné à protéger du vent et de la pluie » (L. DELISLE, Act. norm. de la Ch. des Comptes, p. 301 : pour plastrer en la salle en pluseurs lieux, ... et seeler deux abatvens l'un sur l'uisserie du celier par devers la cuisine). Composé de abat, de abattre au sens propre et de vent; [l'attest. Aiol, 4891 ds GDF. Compl. est à rejeter, la leçon abat-vens étant restituée pour auantuens, de l'aveu même des éd. Normand et Raynaud, au gloss.; l'éd. Foerster, vers 1896 porte bien auentuens d'apr. le ms. unique Bibl. nat., fr. 25516].HIST. — Terme techn. d'archit., apparu au XIVe s. (1344, cf. étymol.); subsiste en ayant connu une restriction de sens corresp. à la fonction propre de l'obj. (abattre le vent), restriction due à l'apparition du terme abat-son dont il était jusqu'alors synon. partiel (cf. ce mot, hist.). Il s'est étendu d'autre part à 2 domaines partic. (arts et métiers, hortic.). — XVIIIe s. : Abat-vent est la charpente qui se met dans les ouvertures des clochers, qui est ordinairement couverte d'ardoise, qui sert à abatre le vent, et qui n'empêche pas que le son de la cloche n'agite l'air de dehors, et ne se fasse entendre au loin : au contraire il renvoye en bas le son des cloches, qui autrement se dissiperoit en l'air. FUR. 1701. Ce sont de petits auvents au-dehors des tours et clochers dans les tableaux des ouvertures (...) qui servent à empêcher que le son des cloches ne se dissipe en l'air (...). Ils garantissent aussi le béfroi de charpente de la pluie. Encyclop. 1751. — XIXe s. — Confusion entre abat-son et abat-vent :[les abat-sons] garantissent les beffrois de la pluie et renvoient le son vers le sol. LITTRÉ s.v. abat-son. Les abat-vent des clochers servent aussi à rabattre le son des cloches. LITTRÉ s.v. abat-vent. — XXe s. Différenciation des 2 termes (cf. abat-son, hist.). — Rem. Ext. d'emplois : — Arts et Métiers : On appelle ainsi, dans les sucreries, une espèce d'apenti qui couvre chaque fourneau des atteliers. Trév. 1751. Attesté aussi ds Trév. 1771, Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845 et DG. — Horticulture : Paillasson qui garantit les plantes du vent. Ac. Compl. 1842. Attesté aussi ds BESCH. 1845, LITTRÉ, Lar. 20e.STAT. — Fréq. abs. litt. :3.BBG. — BARB.-CARD. 1963. — CHABAT 1875-76. — JOSSIER 1881.abat-vent [abavɑ̃] n. m. invar.ÉTYM. 1344; rare en franç. mod. av. 1820; de abattre (I., 3.), et vent.❖♦ Techn. Lame inclinée que l'on adapte à une fenêtre ou à certains appareils, dont on garnit les tuyaux de cheminée, etc., pour se garantir du vent, de la pluie. || Des abat-vent (⇒ aussi Mitre).0 Soudain l'abat-vent, violemment poussé par la rafale, heurta la fenêtre de la chambre. Gérande tressaillit et se leva brusquement, sans comprendre la cause de ce bruit qui secoua sa torpeur. Dès que son émotion se fut calmée, elle ouvrit le châssis.J. Verne, Maître Zacharius, p. 121-122 (1854).
Encyclopédie Universelle. 2012.